SEPP HOLZER: PERMACULTURE EN EUROPE - DVD AVEC 3 FILMS

A une altitude comprise entre 1100 et 1500 mètres, ses cerisiers forment presque un rangée d'arbres. On n'avait jamais vu cela! Les 15 sortes de cerisiers plantés à différentes altitudes mûrissent à différentes époques. Pour le fermier, cela signifie cinq mois de récolte de juin à septembre. Toute la vie est entretenue par un équilibre fragile entre les systèmes écologiques. Si cet équilibre s'effondre, alors s'effondre aussi la capacité de la nature à subvenir à nos besoins. Sepp Holzer sait que les méthodes actuelles d'agriculture menacent cet équilibre.


Il sait que la monoculture industrialisée laisse le sol plus pauvre chaque année. Mais il sait aussi qu'en exploitant les méthodes de la nature même et sa diversité, la permaculture peut non seulement nourrir la communauté mais aussi maintenir l'équilibre de l'environnement.

La "Sibérie de l'Autriche", la vallée de Lungau, à cent kilomètres au sud de Salzburg, et la plus froide région de l'Etat. Le profil inhabituel du terrain montre une approche très différente de l'agriculture dans ce lieu, le Krameterhof. Depuis qu'il a commencé, Sepp Holzer a rendu désuètes toutes les règles de l'agriculture conventionnelle.

La permaculture telle qu'elle est pratiquée par les Holzer, sur les pentes de la froide vallée de Lungau, montre qu'un développement durable n'est pas une utopie. Si, grâce à la permaculture, les Holzer obtiennent des résultats aussi remarquables, imaginez ce que cela pourrait donner dans des fermes en plaine. Ils ont démontré que le développement durable est un chemin possible. En considérant les ravages que les méthodes agricoles modernes font à nos contrées, cette option devrait être prise très au sérieux, très vite.

Dans cette ferme, tout est un peu différent des fermes voisines: ses cochons, par exemple, une race rare et résistante venue de Croatie. Ici ils vivent heureux, en plein air, tout au long de l'année.

Sepp Holzer: "Dans ces étangs et ces lacs, les poissons sont richement mélangés, exactement comme mes plantes. II y a des brochets, des très gros 20-30 kg, et des proies comme des carpes et bien d'autres. Dans de nombreux endroits dans les étangs je mets des racines et des pierres, à environ 4 à 5 mètres de profondeur."

Contrairement à d'autres fermes piscicoles, Sepp ne nourrit pas ses poissons avec de la nourriture industrielle. La nature fournit son propre service de restauration – biologique bien sur.
Pour y arriver, il doit équilibrer la chaîne alimentaire afin qu'elle s'auto-entretienne: algues, insectes, tritons, petits et gros poissons. Personne ne meurt de faim, et son excellente truite finit sur bon nombre de tables de grands cuisiniers.

Sepp Holzer n'irrigue pas ses plantes – Il préfère que la nature le fasse pour lui. Il ne pense pas trop à l'irrigation. Il dit: "Si j'irrigue, je dois fertiliser aussi. L'irrigation lessive les nutriments des sols. L'azote s'évapore et tous les autres nutriments sont lessivés dans la nappe phréatique – là où je n’en veux pas. La plante est laissée sans nutriment. Ensuite, je dois de nouveau alimenter avec des nutriments, et puis je dois irriguer une nouvelle fois, c'est un cercle vicieux. Et ca coute beaucoup d'argent aussi. Si je n'irrigue pas, le sol se protège naturellement de lui-même."

"C'est à dire: les plantes utilisent moins d'eau en repliant leurs feuilles un petit peu, elles ont l'air flétries, mais elles s'ouvrent de nouveau quand il y a de la rosée et de la pluie. Quand il pleut, le sol est préparé: l'humidité augmente, le sol s'ouvre en aspirant la pluie. C'est naturel.
Si vous avez la végétation adéquate – peu importe si ce sont des arbres fruitiers ou des légumes – vous observerez que les plantes se régulent d'elles-mêmes merveilleusement. Vous avez besoin de plantes avec des enracinements profonds, moyens et superficiels."

Sepp Holzer a transformé sa ferme de 45 hectares en un paysage unique en combinant les techniques profondément écologiques de la permaculture avec les techniques traditionnelles de terrassement et de buttes.
Sepp appelle ce genre de monoculture un désert de pin. Il connaît vraiment bien les problèmes que cela peut engendrer. Un pin a des racines superficielles qui laissent la forêt vulnérable. Les pins rendent la terre acide. Le sol meurt et sa capacité à conserver l’eau diminue. Les arbres perdent leur vitalité et deviennent malades.

"Il y a 30 ou 40 ans, j’ai fait toutes ces erreurs moi-même. C’est ce qui nous avait été enseigné. Nous avons dû planter 10 000 pins par hectare. 10 000! Et sachant que le bois ne peut seulement être coupé qu’au delà de 100 ou 120 ans, cela fait trois générations de personnes qui payent des impôts en attendant. On devrait non seulement planter des pins, mais également... des feuillus, érables, arbustes à baies sauvages, toutes sortes d’arbres! Alors vous créez un habitat forestier de sorte que les cerfs se sentent chez eux et que le sol soit revitalisé."

"Cela change le paysage bien sûr, mais c’est essentiel. A la longue, ces terrasses amènent de grands avantages. J’ai rarement besoin de machines coûteuses, juste d’une séance avec la pelleteuse. Ce travail, une fois accompli, durera pour des générations. Tandis que la pelleteuse est encore occupée, Sepp commence à planter les nouvelles terrasses. En l’espace de quelques semaines, il plante ici plus de 1500 arbres fruitiers. Sepp: "Les arbres sont plantés et là où j’ai des pierres je les ajoute car elles emmagasinent la chaleur. Puis il y a le mélange de graines. C’est la chose la plus importante!"

Le mélange de semences inclut des légumes et des plantes qui aident les arbres, mais aussi des fleurs sauvages - certaines rares, environ 40 à 50 plantes différentes. Sepp sait aussi comment créer un climat plus chaud sur le coteau. Les terrasses protégées agissent comme des pièges à chaleur et s’imprègnent de soleil. Là, la chaleur est conservée et crée des températures élevées, inhabituelles à cette altitude – c'est un microclimat. C’est pour cela que vous trouvez des produits que l’on n’attend pas à 1200 ou 1500 mètres d’altitude. Différents types de graines et de légumes...même des fruits que l’on trouve normalement autour de la Méditerranée!

Un autre aspect important de la méthode permaculturelle de Sepp est l’utilisation de buttes. Elles contribuent aussi au microclimat tempéré sur cette colline. Par exemple elles protègent les jeunes arbres fruitiers qui sont plantés entre elles. Le soubassement des buttes inclut quelques uns des vieux pins qui ont été déracinés il y a bien longtemps.

Sepp: "La constitution des buttes crée un microclimat à l’intérieur. Avec toutes les racines dedans, les feuilles, le fumier, la masse verte, etc, de la chaleur est créée - c’est le processus de compostage. La chaleur monte en haut donc il y a moins de danger de dommage par le froid à ces altitudes. Vous orientez ensuite les buttes à 90 degrés par rapport au vent. Vous créez de cette façon un microclimat une nouvelle fois : à l'intérieur des buttes et entre elles."